Petits Poucets
keeping found things found
Projet de diplôme mené dans le cadre de mon DSAA design produit à l'école Boulle.
Que faites-vous lorsque vous découvrez une information intéressante sur internet ?
À chacun sa réponse, de l’enregistrement sur le bureau à l’ajout d’un marque-page en passant par l’envoi sur Dropbox.
Mais lorsqu’il s’agit de retrouver cette information, c’est un vrai défi. C'est à ce problème que je me suis attaquée avec "Petits Poucets".
Les nouvelles pratiques de conservation
de l'information sur internet
Analyse du questionnaire réalisé entre le 11 juillet et le 30 aout 2012 sur 165 personnes.
L'étude a été menée sur une population d'étudiants (65%) et d'actifs (35%) passant pour 96% d'entre eux plus d'une heure par jour sur internet.
Dans ce questionnaire, par "information", on entendait tous types de contenus: articles, vidéos, images ou autres contenus interactifs.
I / la découverte de l'information sur internet
96% des personnes interrogées découvrent au moins 1 fois sur 3 des informations intéressantes lorsqu’ils naviguent sur le web.
Plus surprenant, ces informations sont très largement découvertes au fil de la navigation (75%) voir même au hasard (32%).
• Sur internet, découvrez-vous des informations qui vous intéressent?
• Comment découvrez-vous ces informations?
• êtes-vous d'accord avec l'affirmation suivante: "je découvre trop d'informations qui m'intéressent, je n'ai pas le temps de toutes les lire/regarder/écouter"
II / les pratiques de conservation de l'information
La nécessité de conserver les informations intéressantes est très forte chez l'ensemble du panel. Pourtant, 28% d'entre eux ne conservent pas certaines de ces informations parce qu'ils ne savent pas où les mettre, 36% parce qu'ils n'auront pas le temps de les étudier dans le futur.
Quant aux outils, les marque-pages du navigateur et les dossiers "en local" sont très majoritairement préférés actuellement pour la conservation.
• Dans quels cas conservez-vous de l'information?
• Pourquoi ne conservez-vous pas une information qui vous intéresse pourtant?
III / les points de tension dans ces pratiques
Seul 1/3 des personnes interrogées estiment ne pas avoir de problèmes pour retrouver l'information qu'elles ont stockée. Pourtant les moteurs de recherches ne leur sont pas préférés pour retrouver de l'information.
De même, seules 15,2% des personnes interrogées estiment que les informations qu'elles conservent sont en sécurité sur internet.
• êtes-vous d'accord avec l'affirmation suivante: "J'ai parfois du mal à retrouver les informations que j'ai pourtant stockées"?
• êtes-vous d'accord avec l'affirmation suivante: "pour retrouver une information qui m'intéresse, je préfère utiliser un moteur de recherche plutôt que mes outils de conservation"?
• êtes-vous d'accord avec l'affirmation suivante: "les informations que je conserve sur internet sont en sécurité"?
IV / cartographie des besoins exprimés
Sur 162 répondants, 110 ont expliqué ce qu'ils attendaient d'un outil de conservation de l'information aujourd'hui.
La principale demande, exprimée par 1/3 des répondants est un outil qui permette surtout de retrouver facilement l'information stockée.
3 autres points ont été très souvent évoqués: la sécurité/pérennité de l'outil et des données (28%),
l'aspect personnel et privé de l'outil (21%) et la remise en contexte de l'information stockée (17%).
"En réalité, une information ne m'intéresse pas tant en elle même que tout ce à quoi elle est liée, ce à quoi elle m'amène a penser.
En conséquence, c'est dans ma tete qu'elle est la plus riche, meme si il n'en reste qu'une petite trace."
"Pour ma part, ça serait plus un outil de traçabilité que de conservation.
En fait, je garde une trace de tout ce que j'ai pu voir en me baladant dans ma tete et ça ne m'interesse qu'à posteriori
si je retombe sur un sujet du meme genre. Alors, l'exercice consiste à le retrouver."
"Il serait aussi très pratique d'avoir un outil de conservation de l'info
qui justement donne des infos sur le contenu du site/blog/etc..."
"la sensation de posséder, un minimum, et l'assurance de stocker en sécurité."
Pour accompagner mes recherches sur le terrain, j'ai écrits deux mémoires; synthèses de mes recherches documentaires et de mon positionnement sur le sujet.
Le premier est un "mémoire de philosophie"
(à lire ici)qui porte une réflexion critique sur le lien entre information et liberté aujourd'hui.
Comment notre rapport à l’information a-t-il évolué et permis de transformer les libertés ?
Comment les nouvelles technologies de l’information et de la communication agissent-elles sur ce rapport ?
Sommes-nous condamnés à devenir des consommateurs passifs d’informations après avoir cru à la force libératrice du Web ?
Le second est un "mémoire de projet"
(à lire ici) qui expose ma réflexion en design sur la conception d'un outil d'extension de la mémoire aujourd'hui.
« Ce sont ces moyens d’extériorisation de la mémoire qui décuplent les potentialités de la pensée naturelle de l’individu »
expliquait Lev Vigotski au début du XXème siècle.
Car une fois qu’une information est trouvée, que se passe-t-il ?
Comment peut-on s’approprier cette information pour en extraire des connaissances et en conserver l’utilité sur le long-terme ?
Le projet en 7 videos
Ces 7 videos présentent de manière synthétique les principales propositions du projet.
Elles sont illustrées à travers deux scénarios:
l'histoire de Gautier, étudiant souhaitant partir en erasmus ;
et celle de Fanny, chef dans un restaurnt à la recherche de nouvelles saveurs pour sa carte.
L'architecture technique
Petit Poucet se base sur une architecture technique alternative aux solutions existantes
afin de redonner à l’utilisateur la possession et la maîtrise de ses informations.
Pour cela, on renverse le paradigme actuel en proposant une "base de données centrale"
à laquelle ce sont les applications tierses qui se connectent pour proposer leurs services.
La toile
C’est la spatialisation des informations collectées qui est mise au coeur de l’interface.
Celle-ci devient alors une toile que chacun vient composer à partir des icônes choisies par l’utilisateur
et qui font le lien avec les pages web et les autres éléments collectés.
Penser c'est classer
À la dimension spatiale fondatrice s’ajoute un système de filtres permettant d’enrichir la collecte d’autres dimensions mémorielles
comme un système de catégorisation visuelle non exclusif et qui dialogue sans cesse avec la spatialisation.
Petit Poucet
En utilisant un second filtre, c'est cette fois-ci la dimension temporelle qui est convoquée
et qui met en perspective les choix de spatialisation pour raconter l'histoire de la toile.
Vous pouvez tester cette fonctionnalité grâce à cette petite maquette interactive.
il est possible de déplacer les éléments et de déployer le filtre "petit poucet"
qui retrace temporellement les différents éléments collectés et permet de renouer avec leur contexte d'acquisition.
Le panorama
Pour compléter cette interface,
l’outil se fait force de proposition grâce à un module d’analyse sémantique qui permet de créer des liens entre les éléments
et ainsi de jeter un nouveau regard sur sa collecte.
La sérendipité
L'outil est également générateur de nouvelles découvertes grâce à ses scripts aléatoires
qui ouvre de nouveaux champs d'exploration à partir des éléments déjà collectés.
L'archive
Dans l’optique d’une conservation au long terme, une archive imprimée
reprend l’intégralité de la toile et lui donne un nouveau statut.
À chaque icône correspond alors un QRcode qui renvoie vers son URL.
Les nombreux retours que j'ai pu avoir tout au long de ce projet m'ont convaincu qu'il ne devait pas rester au fond d'un tiroir une fois la soutenance passée.
Je travaille en ce moment à son implémentation en utilisant l'adage du Xerox Parc : "Build what you use, use what you build".
Vous pouvez donc découvrir l'outil en action sur
mnemosyne.nolwennmaudet.com
si vous avez des questions, des suggestions ou si vous voulez participer au projet, n'hésitez pas à me contacter à
hello@nolwennmaudet.com
(cc) - 2013 - Nolwenn Maudet
